Homélie du 3ème dimanche de l’Avent (B)
Ce 3ème dimanche de l’Avent appelé « dimanche de la joie » doit, plus que les autres dimanches, être marqué effectivement par « la joie » ; la joie de savoir toute proche la naissance du Sauveur qui apporte aux plus pauvres, aux plus déshérités et aux plus petits l’espérance du bonheur. Cette joie, nous la voyons déjà dans nos rues illuminées. De grands sapins ont été dressés sur nos places. Tout cela, n’est-ce pas, est beau ! Mais autour de nous et dans ces mêmes rues illuminées, il y a la peur de chopper le virus covid19, il y a la pauvreté, la souffrance et la solitude de plusieurs personnes. C’est pourquoi nous sommes tous sollicités et interpellés par le message de ce 3ème dimanche de l’Avent.
Dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe nous invite à écouter sa prophétie qui annonce au monde un nouveau printemps social. Il présente la nouvelle alliance entre Dieu et son peuple. En effet, pour la petite histoire, les juifs revenus de l’exil sont en majorité un peuple des pauvres qui éprouve bien des difficultés à se réimplanter en Palestine et à y retrouver une vie normale : le peuple connait les tracasseries administratives et se trouve en butte à la jalousie de ses voisins. Ce peuple est pauvre aussi, parce que l’expérience de l’exil l’a profondément marqué : certains en sont même sortis fort abattus, le cœur brisé ; beaucoup en sont revenus plus conscients de leur petitesse devant Dieu, avec un cœur vraiment disponible pour rechercher le Seigneur Dieu en toute humilité. Et c’est donc à ce peuple pauvre que le prophète Isaïe est envoyé porter cette bonne nouvelle : « Dieu aime les pauvres. Quiconque s’ouvre à cet amour, tressaillira d’une joie plus grande ».
Frères et sœurs, aujourd’hui le prophète Isaïe nous inonde encore avec des mots qui font du bien, qui apportent la joie, le soulagement, qui nous éloignent de la peur et qui donnent envie de dire nous aussi « Merci à Dieu » pour la paix, la joie, la santé et pour tous ses bienfaits. Que chacun s’interroge alors : - Est-ce que je me reconnais devant Dieu, pauvre, petit, prisonnier de mon péché ? Est-ce que je perçois l’amour de Dieu en moi comme une bonne nouvelle ? – Suis-je le porteur du pardon de Dieu et de sa paix aux autres, le messager de sa joie pour les cœurs brisés, l’envoyé de son amour libérateur pour les opprimés ?
Saint Paul dans sa 1ère lettre aux Thessaloniciens souhaite que « la joie et la paix » inondent nos cœurs, les rendent ouverts à tout ce qui est bien et lucide pour discerner la valeur de toute chose. En effet, dans la communauté de Thessalonique, l’attente de la venue définitive du Christ engendrait quelques problèmes. Il y avait des prédicateurs et des prophètes qui prétendaient agir sous l’impulsion de l’Esprit de Dieu. Mais pour Paul, il n’est pas question de soupçonner ni de rejeter à priori ces manifestations de l’Esprit, mais il faut vérifier leur authenticité selon un critère bien simple :-« Ce qui porte au bien, il faut le garder ; ce qui porte au mal, il faut le repousser, car cela ne peut venir de l’Esprit ».
Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, préparer la venue du Christ, c’est d’abord vivre dans la paix, la joie et la prière, confiants dans la fidélité de Dieu à nous protéger de toute embûche. Je me dis, au milieu des bouleversements que connaissent actuellement le monde et l’Eglise, devant les initiatives qui partent dans tous les sens, quelle est notre attitude : fièvre, insécurité, peur, indifférence ou plutôt : confiance, espérance, joie et paix ? Saint Paul nous exhorte à être toujours dans la joie, à prier sans relâche et à rendre grâce en toute circonstance et que Dieu garde parfaits l’esprit, l’âme et le corps de chacun pour la venue du Seigneur.
Dans l’évangile, en vrai précurseur du Christ, Jean-Baptiste s’efface devant celui qu’il annonce par sa parole et par sa vie. Et l’évangile nous présente Jean-Baptiste comme « témoin de la lumière ». En effet il n’était pas la lumière mais il l’a montrée. Il a désigné le Messie à tous ceux qu’il rencontrait. Ainsi va-t-il attirer l’attention de ses interlocuteurs sur l’unique réalité essentielle : « la personne du Christ ».
Frères et sœurs, Jean-Baptiste nous parle de celui dont la vie témoigne de la présence au milieu de nous tous, chrétiens et chrétiennes. Il nous dit clairement que :
- Le Messie, Jésus-Christ, celui qui vient : il se tient au milieu de nous chrétiens. Le connaissons-nous ? Prenons-nous les moyens de le connaitre, par la prière, la méditation de l’évangile, l’écoute de la parole de Dieu et des homélies ?
– Le Messie, Jésus-Christ qui se tient aujourd’hui au milieu de nos frères et sœurs : le reconnaissons-nous agissant en eux, à travers leurs aspirations, leurs efforts de solidarité et de dépassement d’eux-mêmes ?
Bien aimés, dans quelques jours nous fêterons Noël et ce sera une occasion pour nous de donner la joie à ceux et celles que nous aimons, mais aussi aux autres. Vivre Noël, c’est aussi faire un geste de foi, de solidarité et de partage, car, comme la lumière et l’amour, la joie, elle aussi, grandit et se multiplie quand elle est partagée. Ouvrons donc notre cœur, voire notre portefeuille, pour procurer cette même joie à ceux et celles qui ne savent pas comment sortir de leur pauvreté et précarité. Choisissons, avec notre unité pastorale, de nous engager dans une solidarité je dirais « joyeuse » pour lutter concrètement contre la pauvreté, les exclusions sociales, et de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, par les différentes collectes de dons recommandées par notre équipe pastorale.
Bon dimanche à tous !